J’en ai déjà parlé par le passé, j’ai la conviction que nos modes de consommation de films vont évoluer et sont déjà en train d’évoluer. Avec l’avènement des smartphones et des tablettes, des services de VOD tels que Netflix et autre Molotov.tv, plus besoin d’aller au cinéma ou d’allumer la télévision pour regarder un film. On peut à présent sortir son smartphone de sa poche, ouvrir une application et regarder une fiction, peu importe l’endroit où on se trouve. Mais est-ce vraiment confortable ? Les cinéastes s’insurgent, de Spike Lee à David Lynch, contre ce mode de consommation. Même si les écrans de nos appareils mobiles ont grandi ces dernières années, ils sont loin de rendre justice au travail des techniciens, des réalisateurs et des acteurs. Vraiment ?
A vrai dire, jamais il ne me serait venu à l’idée de regarder un film sur un écran de 5 pouces. Ma conviction était jusque là que certains films valent vraiment la peine d’être vus sur grand écran (pour les paysages, pour les effets spéciaux… de manière générale, pour l’esthétisme et l’immersion) et d’autres pouvaient se restreindre aux écrans de télévision (pour être honnête : la majorité du cinéma français). Mais de là à regarder un film sur mon smartphone ? Autant regarder un film dans un avion, c’est à dire dans les pires conditions possible.
L’histoire que je vais vous relater m’est arrivée il y a quelques mois déjà. Il a fallu que je me retrouve face à un fichier récalcitrant, un fichier en full HD que mon pauvre netbook asthmatique ne réussissait pas à lire de manière fluide. Je savais que mon antique tablette Archos ne saurait en aucun cas lire un fichier d’une résolution supérieure au 720p et, plutôt que d’allumer mon Mac de montage pour lancer la vidéo dessus (et surtout par manque d’un vrai lecteur vidéo sur Mac, admettons-le – non, VLC n’est pas un bon lecteur), je pose les yeux sur mon smartphone. La curiosité a fait le reste.
Mon smartphone n’est pas la dernière bête de course sortie de chez Apple ou Samsung, il s’agit plutôt d’une solution low-cost du milieu de gamme de 2013. Autant dire que je n’étais pas particulièrement optimiste. Pourtant, avec l’application adéquate (j’ai hésité entre Mobo Player, Mx Player, avant de choisir la version gratuite de l’Archos Video Player), le film s’est ouvert sans problème et j’ai pu le visionner avec une fluidité exemplaire.
Alors certes, l’écran est petit. Jusqu’ici, lors de voyages où je n’avais rien de mieux à disposition, il m’arrivait de regarder un épisode de série sur un écran de 7 pouces. Et bien, dans le confort de mon canapé, descendre en dessous de 5 pouces ne m’a pas posé de problème. Attention, je ne dis pas que c’est une évidence. Le film que je regardais n’était pas un film à grand spectacle, juste les Pingouins de Madagascar. Un film comme Interstellar par exemple ne s’y serait pas du tout prêté. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Hollywood nous abreuve de plus en plus de blockbusters, du type des films de super-héros. C’est ce genre de film qui pousse le public à se déplacer en salles, à en prendre plein les mirettes, au contraire de la dernière comédie avec Seth Rogen par exemple.
La tendance pour l’industrie cinématographique est donc relativement claire. D’un côté, les films qui ont assez de choses à montrer pour justifier qu’on se déplace encore dans une salle de cinéma, de l’autre, les films qu’on pourra tout aussi bien regarder sur sa TV, voire sur un écran plus petit. Et je ne parle même pas des contenus qui sont produits spécifiquement pour les appareils mobiles, comme les webséries (Burkland, de la RTBF, dont la réalisation visuelle et sonore est pensée pour le smartphone) ou les contenus produits dans Vine ou Snapchat.
Avec Amazon et Netflix qui ont lancé leurs propres productions cinéma, disponibles sur leur plateforme en même temps qu’au cinéma, voire avant même d’être au cinéma ou sans jamais y passer du tout, le choix entre le smartphone et grand écran va être de plus en plus dans les mains du public. Et les habitudes de consommation sont clairement en train de se développer en faveur de l’écran que tout à chacun a déjà dans sa poche. Le match n’a donc pas fini d’être intéressant…
Pour ma part, depuis cette expérience improvisée, je n’ai pas eu d’autre occasion de passer plus d’une heure et demi en tête en tête avec mon smartphone. Elles sont encore rares, les conditions qui me feront regarder un film sur un si petit écran. Mais si les étoiles s’alignent à nouveau pour me pousser à visionner un film sur mon smartphone, je le prendrais en main avec beaucoup moins d’a priori.
Pour une fois, le titre de ce billet n’est pas inspiré d’un film mais bel et bien d’une chanson de Katy Perry.