99 francs ou comment Netflix a tué le cinéma français

C’était au cours de la grand-messe du cinéma français. En ouverture de la 48e cérémonie des César, Jamel Debbouze se lançait dans l’habituel monologue de ce type d’événements en assénant son lot de blagues. Celle qui m’aura particulièrement marqué sera forcément cette référence à Netflix et à son offre à 9 euros qui détourne le public des salles de cinéma. Une plaisanterie qui aura fait rire jaune plus d’un dans la salle… Car si on peut tourner en dérision le géant américain, il n’en reste pas moins que le cinéma français souffre… et ça ne va pas aller en s’arrangeant.

J’ai regardé un film sur mon smartphone et j’ai aimé ça

J’en ai déjà parlé par le passé, j’ai la conviction que nos modes de consommation de films vont évoluer et sont déjà en train d’évoluer. Avec l’avènement des smartphones et des tablettes, des services de VOD tels que Netflix et autre Molotov.tv, plus besoin d’aller au cinéma ou d’allumer la télévision pour regarder un film. On peut à présent sortir son smartphone de sa poche, ouvrir une application et regarder une fiction, peu importe l’endroit où on se trouve. Mais est-ce vraiment confortable ? Les cinéastes s’insurgent, de Spike Lee à David Lynch, contre ce mode de consommation. Même si les écrans de nos appareils mobiles ont grandi ces dernières années, ils sont loin de rendre justice au travail des techniciens, des réalisateurs et des acteurs. Vraiment ?

Calvaire ou suivre l’actualité cinéma sur le net

Il y a bien longtemps, j’étais abonné au magazine Première. J’étais jeune, passionné par le cinéma, j’ai à peine cherché à quel magazine m’abonner pour m’informer sur l’actualité des sorties et de mes cinéastes favoris avant de choisir Première. Les critères étaient purement subjectif : le ton du magazine me plaisait et les avis semblaient pouvoir correspondre en majeur partie à mes goûts. Première a donc accompagné mon adolescence et mon passage à l’âge adulte. Comme moi, il a changé. Jusqu’à ce que nos chemins se séparent. A l’issue de ce premier paragraphe, vous l’avez sans doute compris, ce post de blogue sera un peu différent des autres.

Pourquoi je n’ai pas renouvelé mon abonnement à Première, à l’époque ? Le magazine avait, au fil du temps, connu plusieurs changements de maquette, quitte à privilégier la forme sur le fond. Attention, je ne dis pas que le fond avait été négligé. Dans ce qui étaient les prémices de la crise de la presse papier, Première cherchait à élargir son lectorat en essayant de se créer une image moins élitiste et plus généraliste. Judd Appatow est arrivé à la même époque et a été sacré Dieu de la comédie US dans les pages de Première. Une rubrique Jeux Vidéo est apparue, comme ça, sans raison. L’heure du réabonnement est venue et la question était simple : pourquoi m’infliger encore la lecture d’un magazine qui ne me ressemblait plus alors que je pouvais trouver la même chose sur le web ?

Pulp Fiction ou le cinéma porno

Le cinéma est-il destiné au même avenir que le porno ? C’est peut-être la question que tout le monde se pose sans oser la prononcer à haute voix. Pour prouver l’incessante tourmente de l’industrie cinématographique, il n’est pas rare qu’on nous ressorte les chiffres des entrées en salle, bien en dessous de ce qui était espéré. Il s’agit là pourtant d’une évolution naturelle, en lien avec celles que vit notre société. Certains accuseront le piratage. Un coupable un peu réducteur. Le questionnement devrait être bien plus large, et s’inspirer de ce qu’a vécu ou vit encore l’industrie du porno.

Playtime ou le cinéma à la demande

Comment faire pour convaincre le public de revenir dans les salles de cinéma ? C’est toute la problématique du circuit actuel, distributeurs et exploitants inclus. Historiquement, la technique avait toujours été l’argument mis en avant. Par les énormes écrans, par le Technicolor, par le Dolby Surround, par l’imax ou par la 3D. Seulement, ça ne suffit plus. Le cinéma a un autre rival, un ennemi qui permet au public de voir ce qu’il veut, lorsqu’il en a envie.

Le nouveau cheval de bataille de l’industrie est donc de trouver comment contrer Internet. Après des mesures répressives en bonne partie appuyées par le lobby, le milieu cherche aujourd’hui à proposer au public ce qu’il demande : la possibilité de voir le film qu’il a envie, dans la salle qu’il souhaite. C’est ce qu’on appelle le cinéma à la demande.

La Firme ou TV5MONDE + Cinéma

C’est à l’occasion du Festival de Cannes 2010 qu’est née la 1ère offre internationale des cinémas francophones à la demande : TV5 lance TV5 MONDE + Cinéma, qui propose de louer ou d’acheter des films francophones (donc de France, de Belgique, du Québec, …).

L’initiative est intéressante, puisqu’il est vrai que les autres offres, dont iTunes, ne couvrent pas avec efficacité l’ensemble du cinéma francophone, notamment lorsqu’il est question de cinéma d’auteur. C’est à ça, entre autres choses, que TV5 souhaite remédier. En plus de films listés par exemple par Univers Ciné, ce sont des documents d’archives en provenance directe du Centre National de la Cinématographie (CNC) qui seront proposés aux internautes.

En outre, la plateforme ne vise pas seulement les francophones en recherche de cinéma dans leur langue, mais aussi le marché international. Le but, à terme, est de proposer un sous-titrage dans un maximum de langues pour initier le public étranger aux joies du cinéma francophone.

Avatar ou dire NON à la 3D

James Cameron is still the king of the world… Avatar, son dernier film, s’il n’atteint pas encore les scores de Titanic, reste un succès mondial. Alors que de nombreux films sont déjà sortis en 3D, avec toujours des commentaires mitigés, c’est le sien qui a mis tout le monde d’accord. Le cinéma des prochaines années sera en 3D ou ne sera pas. Pour le meilleur et pour le pire ?

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : je ne crois pas au cinéma en 3D. En tout cas, pas avec la technologie actuelle. Je rejoins certes la majorité en disant qu’il vaut mieux voir Avatar dans les meilleurs conditions (dans une salle IMAX, en 3D) plutôt que dans un cinéma aux écrans 2D standards. Ce qui est valable pour un film est-il valable pour toute l’industrie ? Je ne le crois pas. On ne changera pas une décennie de films 3D aux effets artificiels par la réussite d’un seul réalisateur.