L’identité numérique a été abordée lors du dernier Webcamp, l’événement off du Webcom 2009 de Montréal, de façon presque évidente. Quel geek, quel blogueur influent n’utilise pas son nom comme marque de fabrique sur Internet ?
D’abord, une précision : qu’est-ce que votre identité numérique ? Ce sont toutes les informations qu’on peut trouver à votre sujet sur Internet. Données rentrées dans les profils de forums, de blogs, de réseaux sociaux… Tout cela vous identifie sur le web.
Au départ, gérer son identité était simple. On arrivait sur Internet, on se trouvait un pseudo (parfois ridicule) et on pouvait errer dans les coins d’Internet en toute tranquillité. Personne ne saurait qui est qui. Internet, ou le monde où vous pouviez devenir n’importe qui.
Les MMO ont continué dans cette voie. Vous êtes un homme ? Devenez une elfette. Un avatar vous représentait et vous personnifiait dans les mondes virtuels. Avec ses possibles dérives, mais aussi avec ses avantages : quid de la discrimination, du racisme, de la moindre différence ? En dissociant identité réelle et identité numérique, tout devenait possible.
C’est encore comme ça aujourd’hui. Alors, qu’est-ce qui a changé ? D’abord, pas grand chose. Comme toute évolution, les choses se font petit à petit.
Au gré de mes amitiés virtuelles, j’ai rencontré une personne partageant certains de mes goûts musicaux et m’en faisant découvrir d’autres sur Last.fm. Cette personne avait pour pseudo chasing_twilight. Quelques mois passèrent, peut-être une année. Au bout du compte, j’avais de moins en moins de nouvelles de chasing_twilight et son activité sur le site musical était devenue inexistante. Une visite sur son profil m’apprit qu’elle avait déménagé. Des États-Unis au Canada, mais aussi de façon numérique. Elle s’était créée un nouveau profil et était devenue simply_stardust.
Ce changement d’identité, qui reflétait un changement dans sa vie personnelle, elle l’avait effectué sur tous les sites qu’elle fréquentait. Elle avait métamorphosé son identité numérique pour coller à la réalité. Pour une personne qui ne la rencontrait que sous son nouveau pseudonyme, il n’y avait rien de choquant, mais pour ceux qui la connaissait déjà, cela ne leur permettait que de la connaître mieux.
Cette anecdote reflète pour moi un pallier de l’évolution de l’identité numérique. Un pallier dans notre façon de gérer notre identité via des pseudos. Un pallier sérieusement ébranlé depuis par l’explosion des réseaux sociaux, via l’apogée de Facebook.
Facebook, bien que fonctionnant en système fermé par rapport au monde ouvert que présente Internet, appelle un chat « un chat ». Recherchez une personne par son nom, vous la trouverez – ainsi que ses amis, ses goûts, ses préférences… Bien sûr, de nombreuses mesures ont été prises pour protéger ma vie privée ou la vôtre. Mais Facebook reste un changement majeur.
Avec l’arrivée de Twitter, le jeu se complexifie encore. Là, rien ne vous empêche de choisir un pseudo plutôt que votre identité réelle. Mais combien de personnes utilisent Twitter sans utiliser Facebook ? Qui, au contraire, utilisent les deux tableaux et y sont suivis par les mêmes personnes ? Choisir un pseudo, c’est alors permettre de l’associer à un nom réel. Utiliser son nom, c’est continuer à se dévoiler un peu plus…
Là encore, des garde-fous existent. Mais à l’heure où le partage de vidéos et de photos, via Youtube et Flickr par exemple, se démocratise, peut-on vraiment encore se cacher derrière son identité numérique ? Une simple recherche dans Google permet de trouver mon amie simply_stardust sous son vrai nom…
Et si, la vrai question était : est-ce encore utile ? Internet n’est-il pas, au contraire, en train de se responsabiliser ? En Amérique du Nord, il y a ce qu’on appelle le personnal branding, soit la marque personnelle. ça ne veut rien dire une fois traduit, mais il s’agit simplement de promouvoir son nom en tant que marque. Je citerais comme exemple Christian Aubry et Laurent Maisonnave, deux personnes que je respecte, oeuvrant dans la vidéo et la communication.
On peut arguer que l’usage du personnal branding est pour l’instant réservé aux personnes qui s’en servent pour se promouvoir au niveau professionnel. C’est en effet majoritairement limité aux personnes qui en font leur fond de commerce. Blogueurs, pigistes, indépendants… On peut les considérer comme des exceptions. Je les considère comme des précurseurs.
Ce n’est à mon avis qu’une question de temps avant que tout à chacun ne fasse usage de sa véritable identité sur Internet. C’est la direction qu’a pris Internet et c’est une direction qu’il faut prendre si on veut en faire un espace important, un espace décisionnel, un espace en prise avec le réel… ce qu’il est, mais ce que tout le monde ne lui reconnait pas encore.
C’est pourquoi, aujourd’hui, je créé mon blog, à mon nom.