Alors que Carrefour vient de lancer sa propre plateforme de vidéo à la demande, baptisée « Nolim« , je me faisais la réflexion qu’il commence à être compliqué de louer ou acheter un film en dématérialisé sur Internet. Où aller en premier lieu ? Ces derniers temps, l’arrivée en Europe de Netflix aidant, les plateformes de VOD se sont démultipliées et il devient difficile de s’y retrouver. Et si quelqu’un mettait au point un comparateur, un moyen de trouver tel film, au meilleur prix ? A peine avais-je formulé l’idée que le CNC y répondait.
C’est donc en grande pompe que le CNC lance aujourd’hui son portail censé regrouper l’ensemble des acteurs de l’offre légale de vidéo à la demande en France (oui, premier défaut, ce n’est valable qu’en France) et dans les ténèbres les lier. Comment ça marche ? C’est très simple. Le service se présente sous la forme d’une page au design épuré, contenant un champ de recherche. On y rentre le nom du film qu’on souhaite voir et on a directement accès aux sites de VOD le proposant, avec le prix pour chacun si ceux-ci l’ont renseignés.
Petite faiblesse du site, il faut avoir l’orthographe exacte du titre du film. Si vous faites une faute, vous n’aurez malheureusement pas de suggestion de recherche. J’imagine que ça viendra par la suite. Bonne nouvelle par contre, si vous cherchez le titre original, celui-ci étant renseigné, votre recherche devrait aboutir.
Le recensement des services de VOD semble bien effectué, même si l’absence de certains grands acteurs comme le Play Film de Google, souvent bien placé niveau prix, est curieux. S’agirait-il de mettre d’abord en avant des services franco-français ? A priori non, juste une question d’investissement dans la création française. Pas besoin que je vous fasse un dessin, un statut Facebook suffira : c’est compliqué.
Le CNC ne s’arrête pas là puisqu’il s’associe au magazine Première, à Allociné, Sens Critique et Télérama pour que ceux-ci intégrent sur leurs site web la base de données construite par le CNC et les éditeurs de VOD. Ainsi, si vous vous renseignez sur un film sur Allociné, un bouton vous proposera de vous le procurer. Même chose sur Sens Critique par exemple. Une bonne manière d’encourager la consommation légale.
Car la motivation de l’organe publique qu’est le CNC, au contraire de celle purement mercantile qu’aurait eu une société privée, c’est bien entendu de combattre le piratage, les torrents et le streaming illégal. Alors que, par exemple, au Canada, le gouvernement renforce les mesures répressives, l’initiative du CNC est louable. Jusqu’ici, il fallait se contenter de la plateforme mise en place par l’Hadopi, qui n’avait pour seule mission que de recenser les sites légaux. A vous d’aller faire votre marché ensuite. C’était pour le moins fastidieux. Par contre, cette plateforme peut avoir un usage croisé avec celle du CNC : si on ne trouve pas un film avec le catalogue du CNC, on peut aller sur le site de l’Hadopi pour le signaler.
J’ai fait le test avec un vieux film de John Boorman, Hope And Glory, que je ne trouvais pas sur le catalogue du CNC. Après quelques jours, Hadopi m’a signalé sa présence sur iTunes. Dommage, parce que je n’aime pas iTunes et que je n’ai aucune envie de filer mon numéro de carte de crédit à Apple, mais au moins, le système fonctionne.
Est-ce que la mise en place de cette initiative aura un impact important ? ça reste à voir. Les commentaires publiées sur l’article d’Allociné annonçant l’arrivée du portail du CNC ne sont par exemple pas très positifs.
Il y a notamment ceux qui préfèrent la méthode type licence globale proposé par Netflix. Pourquoi ? Prenons la série Gotham, dont Nolim propose la première saison en avant-première, puisque TF1 n’en a même pas encore commencé la diffusion en France. Chaque épisode coûte près de 3 euros sur Nolim. Multipliez par 10 et vous comprendrez qu’il est plus rentable de regarder House Of Cards sur Netflix.
Le catalogue de vidéos à la demande du CNC n’est donc pas une révolution, il ne faut pas rêver, mais une évolution bienvenue qui permettra à qui le veut de rentrer dans les clous et de voir son film en ayant la conscience tranquille. Enfin, si on arrive à le lire. Offre légale ne rime pas forcément avec Nirvana et quand je vois que le site Nolim utilise Ultraviolet, un système de visionnage avec protection et DRM inclus déjà mis en cause par le passé, j’ai des sueurs froides. A côté de ça, d’autres s’émerveilleront de la facilité d’utilisation d’un Popcorn Time…
Non, décidément, je vous le dis, la voie vertueuse est loin d’être la plus simple…