Quand on parle de montage vidéo sur smartphone, l’application qui arrive souvent la première sur les lèvres est LumaFusion. Puissante sur iPhone, certains n’hésitent pas à dire qu’elle vaut à elle seule l’achat d’un iPad Pro. Malheureusement, elle n’existe pas sur Android, système qui équipe quand même 80% des smartphones en France. Les professionnels qui n’utilisent pas de matériel Apple pourront toujours se rabattre sur Adobe Rush, pour peu qu’ils disposent d’un abonnement à la suite Adobe, mais pour les autres ? Ceux qui sont allergiques à cette approche par abonnement ou les amateurs éclairés sont-ils sans solution ? Penchons-nous un peu sur les applications de montage vidéo disponibles sur Android.
Les candidats au titre
Impossible de contester le fait qu’en termes d’applications de montage vidéo, iOS est mieux servi qu’Android. Sur iPhone, n’importe qui peut utiliser iMovie, alors qu’aucune solution de base n’existe sur le système de Google. Encore une fois, s’il y a une alternative à Lumafusion sur Android, beaucoup s’accorderont à dire qu’il s’agit de KineMaster. Son principal inconvénient est son modèle d’abonnement, qui rappelle celui d’Adobe. Le montant annuel constituera toujours un frein pour certain, mais Kinemaster peut se le permettre vu le manque de compétition. A voir si vous êtes prêt à payer 39,99 euros pour l’année, ou 4,99 euros par mois.
Bien sûr, KineMaster peut aussi être utilisé gratuitement, les contenus et fonctions premium étant alors bloqués. Surtout, KineMaster ajoute dans ce cas son nom en filigrane sur chaque vidéo produite, ce que j’ai toujours trouvé un peu décourageant. Du coup, à ceux dont les poches étaient percées, je recommandais il y a encore peu l’application Alight Motion, plus centrée sur le motion design, mais capable également de faire des merveilles pour de l’édition vidéo. L’application était gratuite sans aucune limitation lorsqu’elle était en bêta, mais depuis déjà quelques mois, Alight Motion est arrivée au même modèle que Kinemaster et affiche à présent un filigrane sur les vidéos.
Bien sûr, ce ne sont pas les seules dans ce cas. Une autre alternative populaire se nomme InShot, et adopte le même modèle, pour un tarif plus raisonnable (2,99 euros pour se débarrasser des publicités dans l’application et supprimer le filigrane). Il y a également un abonnement qui donne accès de manière illimité à toutes sortes d’assets (effets, transitions, musiques), mais je ne vais pas rentrer dans les détails ici. Je préfère l’approche de FilmoraGo, gratuite, avec des options d’achats dans l’application, mais surtout qui se contente d’ajouter son nom à la fin des vidéos. Comme plus personne ne regarde les vidéos jusqu’à la fin, c’est plus raisonnable !
Le challenger : VN
Mais là où j’ai récemment été surpris, c’est en découvrant VN (pour VlogNow), disponible à la fois sur Android et iOS. Elle existe pourtant depuis presque deux ans, mais j’étais passé à côté. Avouons-le, les premiers pas laissent un peu dubitatif. Le premier lancement de l’application commence par une publicité le temps qu’elle se charge, puis il faut créer un compte. Parmi celles que j’ai testé, c’est une des rares à oser être aussi rebutante d’entrée de jeu. Heureusement, la suite est bien plus convaincante : non seulement je n’y ai pas croisé d’autres publicités, mais les vidéos finalisées ne comportent ni filigrane, ni écran de fin comportant le nom de l’application.
Alors quel est le business model de VN ? Aucune idée. A mon avis, comme les autres applications, elle attend patiemment que sa base d’utilisateurs atteigne une taille critique avant de proposer des options payantes. En pratique, outre l’aspect purement montage, l’application se présente comme un réseau social pour les amateurs de vlog : on peut créer son profil, y publier ses vidéos, et recueillir les likes et les commentaires de ses followers. Je doute personnellement de l’intérêt, mais je ne suis pas le public visé.
VN dispose surtout d’un éditeur vidéo classique avec une timeline et est capable de gérer plusieurs pistes vidéo, audio et autres éléments visuels (comme les titres, les photos…). On peut par exemple y importer des fichiers PNG à fond transparent, pour ajouter son logo à la vidéo. Il est également possible d’enregistrer une voix off directement dans la timeline. L’autre grand avantage de VN, c’est qu’elle propose tous les types de formats : qu’on souhaite monter en 16/9, en carré, en vertical ou même en rond, tout est possible. Enfin, le grand choix possible en termes de framerate et de bitrate, notamment pour l’exportation, achèvera de convaincre les plus exigeants.
Bien sûr, l’application n’est pas parfaite : la gestion des pistes audio est très limitée, il n’y a même pas la possibilité de faire un fondu ou de dissocier l’audio d’un clip vidéo pour faire des coupures, d’ajouter des images clé (alors que c’est possible pour la vidéo)… Pour le reste, VN est redoutablement efficace pour monter ses vidéos sur Android en quelques minutes, sans que ça coûte un kopeck. Ceux qui n’ont pas les moyens d’investir dans KineMaster seront heureux, au moins temporairement.
Pour être complet, j’évoquerais aussi Timbre, que je n’ai pas testé et qui semble fournir moins d’option que VN. Si votre montage est très simple et que vous ne comptez pas y passer beaucoup de temps, ça vous intéressera peut-être. Reste que l’application, si elle est gratuite, affiche des annonces publicitaires. Forcément, il est rare qu’on puisse avoir le beurre et l’argent du beurre.
Le montage sur smartphone a ses adeptes, tout comme la vidéo mobile de manière générale. De mon côté, même si je consomme de la vidéo sur mon smartphone, je compte encore sur les doigts d’une seule main les fois où j’ai dû l’utiliser pour faire du montage. Mais au besoin, c’est appréciable de savoir qu’il existe quelques applications dignes d’intérêt sur Android… en attendant que LumaFusion daigne y mettre les pieds.