Playtime ou le cinéma à la demande

Comment faire pour convaincre le public de revenir dans les salles de cinéma ? C’est toute la problématique du circuit actuel, distributeurs et exploitants inclus. Historiquement, la technique avait toujours été l’argument mis en avant. Par les énormes écrans, par le Technicolor, par le Dolby Surround, par l’imax ou par la 3D. Seulement, ça ne suffit plus. Le cinéma a un autre rival, un ennemi qui permet au public de voir ce qu’il veut, lorsqu’il en a envie.

Le nouveau cheval de bataille de l’industrie est donc de trouver comment contrer Internet. Après des mesures répressives en bonne partie appuyées par le lobby, le milieu cherche aujourd’hui à proposer au public ce qu’il demande : la possibilité de voir le film qu’il a envie, dans la salle qu’il souhaite. C’est ce qu’on appelle le cinéma à la demande.

En France, deux services ont ainsi récemment vu le jour. La Septième Salle et I Like Cinema. A vrai dire, les deux projets sont à ce point similaires qu’on se demande pourquoi ils n’ont pas été rassemblés au sein du même initiative. Le principe est le suivant : vous choisissez un film (récent ou classique) dans la liste de ceux proposés, une salle de cinéma (parmi celles participant à l’opération) et si un nombre d’internautes suffisant vote ou s’ajoute à la même séance, celle-ci est validée.

L’idée a un certain potentiel. Elle permet au public d’avoir ce dont il a envie, mais aussi de rallonger la vie d’un film. Un film doit en effet faire recette dès sa première semaine en salles, dès son premier jour d’exploitation, sinon il ne sera plus à l’affiche le mercredi suivant. Avec La Septième Salle ou I Like Cinema, on peut facilement rattraper un film qu’on avait raté, que ce soit d’une semaine ou de plusieurs années. Sans compter qu’il est courant d’aller dans une salle pour ne voir proposé le film souhaité qu’en VF lorsqu’on le voulait en VOSTFR, ou pire, en 3D alors qu’on ne voulait pas porter d’immondes lunettes. Ici, le pouvoir est entre nos mains.

Il y a quelques années, cette solution se serait avérée impossible à mettre en place. En cause ? Le nombre de copies d’un film était limité et le transport des bobines de pellicules étaient d’une toute autre difficulté pour les distributeurs et pour les projectionnistes. Aujourd’hui, avec la majorité d’un parc de salles passée au numérique, il n’y a plus que des disques durs à faire transiter. Et encore ! Parfois, il suffit de télécharger le film.

Reste quelques obstacles à franchir pour ces deux sites avant la réussite. Il faudra d’une part que le public adhère. Les spectateurs devront prendre connaissance et s’habituer à faire appel à ces nouvelles possibilités, et il n’est parfois pas facile de changer les habitudes des gens. Qui plus est, pour profiter de ce cinéma à la demande, il faut s’y prendre à l’avance. Si vous êtes comme moi, vous êtes plutôt du genre à aller au cinéma à l’improviste… Enfin, il faut surtout que les films et les salles proposés répondent aux besoins des éventuels spectateurs.

Le succès du cinéma à la demande est donc loin d’être assuré. A l’heure où nous en sommes réduits à regarder des films sur des écrans de smartphones ou de tablettes, l’appel du grand écran saura-t-il encore nous convaincre ? Au pire, si ça ne fonctionne pas, il y aura toujours des gens pour essayer de nous faire payer 8 euros supplémentaires pour du cinéma en 4 Dimensions.


Playtime (1967) on IMDb

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